École du dehors

La pratique de « l’École du dehors » suscite un intérêt plus marqué ces dernières années, notamment après les confinements liés aux crises sanitaires.

Contexte de l'étude

La pratique de « l’École du dehors » suscite un intérêt plus marqué ces dernières années, notamment après les confinements liés aux crises sanitaires. À ce contexte s’ajoutent des problématiques scientifiques et sociétales qui mobilisent le milieu éducatif pour sensibiliser les élèves et les citoyens à l’impérieuse nécessité de préserver la biodiversité et notre environnement, et de lutter contre le changement climatique. La demande de formations pour enseigner hors les murs, s’est exprimée au sein des circonscriptions, aussi bien de la part d’enseignants engagés dans ce dispositif que de ceux aspirant à en connaître davantage les modalités. Les missions départementales « Sciences et EDD » des deux départements de l’académie de Strasbourg ont alors entrepris une étude à partir d’un échantillon de pratiques identifiées, en milieu rural et urbain, à différents niveaux d’enseignement.Observations in situ et entretiens avec les enseignants et les partenaires ont permis de recueillir les potentialités de cet enseignement, d’identifier des points de vigilance et de recenser des ressources.

Ce document vise à fournir aux enseignants et aux équipes de circonscription un cadre de référence pour la mise en place de « l’École du dehors ». Il précise les objectifs pédagogiques de la démarche, les conditions de mise en œuvre, les recommandations en matière d’organisation et de sécurité. Il sert également d’appui pour une bonne collaboration avec d’éventuels partenaires associés à cette modalité d’enseignement.

Qu'est-ce que faire classe dehors ?

Il s’agit d’une pratique d’enseignement réfléchie, organisée et régulière se déroulant dans un espace de nature proche de la classe, dans l’enceinte de l’école ou à proximité. Cette pratique prend appui sur l’ensemble des domaines d’apprentissage inscrits dans les programmes en vigueur.
L’enseignement en extérieur s’inscrit pleinement dans la continuité des enseignements dispensés en classe. Il ne saurait être assimilée à une sortie scolaire ponctuelle, mais bien à un dispositif pédagogique à part entière.
Le choix lieu est un élément clé du processus d’apprentissage pour mettre en contexte les savoirs et leur donner sens : les élèves observent, explorent, testent et comprennent les phénomènes qu’ils étudient. L’enjeu est d'ancrer ces apprentissages dans le réel et de les reconnecter au vivant. L’espace stimule et encourage la curiosité, l’imagination et le questionnement des élèves. L’École du dehors favorise l’engagement des élèves et le développement de compétences transversales dans une dynamique d’expérimentation et de coopération, tout en renforçant l’apprentissage des fondamentaux.

Cadre de mise en œuvre de l'École du dehors

  1.  Choix du lieu 
    - La cour de l'école : une sortie simple sans trajet ni autorisation
    - Le parc urbain, les jardins : un coin de nature dans la ville
    - La forêt, les prés, les champs, les abords des cours d'eau : la biodiversité à portée de main

Points de vigilance : 

  • Les arrêtés municipaux et préfectoraux. Commune et préfecture peuvent avoir pris des arrêtés en lien avec des dangers potentiels concernant certaines pratiques (faire du feu par exemple) ou l'accès à certains lieux (plan d'eau, forêt à cause de chute de branches...). Attention également aux alertes météo.
  • L’utilisation d’un terrain à des fins pédagogiques est soumise à l’accord préalable de son propriétaire.
  • Lorsque le terrain est communal, une autorisation écrite de la collectivité propriétaire est requise.
  • Lorsque le terrain est privé, une convention d’utilisation doit être établie avec le propriétaire. Cette convention doit être signée par le Directeur académique des services de l’Éducation nationale (DASEN) et une copie sera adressée au directeur d’école ainsi qu’à l’Inspecteur de l’Éducation nationale

2. Réglementation

Les sorties régulières sont inscrites à l’emploi du temps.
Les sorties occasionnelles se déroulent dans des lieux offrant des ressources naturelles ou culturelles.
Dans les deux cas, elles sont autorisées par le directeur, avec information à l’IEN. Le directeur s’assure que le projet pédagogique est clairement défini et que toutes les formalités administratives sont respectées.

Dans les classes proposant les sorties « École du dehors », elles sont obligatoires pour tous les élèves. Elles se déroulent sur le temps scolaire et peuvent comprendre la pause méridienne.

  • Inscription par l’application SortieSco
  • Autorisation du directeur
  • Information à l’IEN
  • Information aux parents
  • Obligatoirement gratuite
  • Assurance individuelle des élèves facultative mais fortement recommandée
  • Assurance responsabilité civile et individuelle des accompagnateurs bénévoles fortement recommandées

3. Encadrement minimum défini par le cadre réglementaire

MATERNELLE - sorties obligatoires et facultatives ÉLÉMENTAIRE - sorties obligatoires

Jusqu’à 16 élèves : enseignant + 1 adulte.

Jusqu’à 24 élèves : enseignant + 2 adultes.

Jusqu’à 32 élèves : enseignant + 3 adultes.

Les ATSEM peuvent compter dans l’encadrement si autorisation de la municipalité.

- Déplacement à pied ou en car spécialement affrété ne dépassant pas la demi-journée : enseignant seul pour une classe minimum.

Déplacement avec un transport public dépassant la demi-journée :

Jusqu’à 30 élèves : enseignant + 1 adulte

Jusqu’à 45 élèves / au-delà de 30 élèves : enseignant + 2 adultes (+ 1 adulte pour 15 élèves)

 

Les personnels AESH (individuels ou mutualisés) ne comptent pas dans l’encadrement. Les volontaires en services civiques ne comptent pas dans l’encadrement.

Attention : la démarche de « l’École du dehors » peut amener à des déplacements de moins d’une demi-journée, dans des endroits présentant des risques accrus (bordure de rivière, points d’eau, forêts…) qui doivent inciter à renforcer l’encadrement.
Avec les plus grands, il est possible d’explorer différents lieux, à pied, contribuant par la même aux APQ et à l’Éducation à la santé (Cf. Agenda Santé 2025).
NB : la cour de l’école est le premier lieu d’exploration qui offre souvent de nombreuses pistes d’activités.

Points de vigilance quant à la sécurité : 

  • Les endroits fréquentés peuvent exposer les élèves sujets à des allergies respiratoires (liées à la pollinisation) ou à des dermatites de contact causées par des plantes. La signalisation de présence de chenilles processionnaires qui provoquent démangeaisons et allergies est à prendre en considération. Les morsures de vipères ne sont pas exclues.
  • Il importe de prendre en compte les mentions signalées dans les PAI (Projet d’accueil individualisé) et d’emporter un exemplaire du document avec les traitements associés.
  • Un téléphone portable avec les numéros d’urgence et les contacts téléphoniques des parents sont à conserver sur soi lors des sorties. Vérifier la couverture en téléphonie mobile. 
  • Les élèves sont souvent tentés de ramasser des bâtons et de les manipuler sans prendre en considération le danger que cela peut représenter pour les personnes à proximité.
  • Il est impératif de veiller à la stabilité des installations ou constructions mises en œuvre.
  • À noter que l’octroi de « permis couteau » ou de « permis feu » aux élèves est proscrit dans le cadre de l’Éducation nationale.

Toute utilisation de couteaux ou objets tranchants, reste sous l’entière responsabilité de l’enseignant, qui doit veiller à en encadrer strictement l’usage, en respectant les règles de sécurité et en s’assurant de l’aptitude des élèves à manipuler ces outils dans des conditions sécurisées.

Préconisations pédagogiques

Chaque sortie s’inscrit dans une démarche pédagogique visant des apprentissages disciplinaires et transversaux, en lien direct avec les programmes scolaires.

Comme pour toute séance d’apprentissage, il appartient à l’enseignant de consigner les objectifs dans ses documents de préparation (cahier-journal notamment), en précisant les compétences visées et travaillées, le déroulement détaillé des activités prévues, les moyens pédagogiques et matériels mobilisés.

Un cadre sécurisé
  • Évaluer les risques du lieu et définir le périmètre potentiel d’actions.
  • Définir l’organisation matérielle, temporelle et spatiale.
  • Définir les règles de sécurité à respecter et de comportement à adopter.
  • S’assurer de la propreté et de l’hygiène du lieu, public ou privé.
  • Instaurer une culture du respect de la nature et de sa diversité.
  • Une vigilance permanente s’impose au cours des activités. 
Des espaces dédiés
  • Choisir les lieux pour leur potentiel pédagogique.
  • Veiller au temps de déplacement.
Associer et communiquer
  • Informer les parents : objectifs, modalités, plus-value d'un enseignement hors les murs.
  • Favoriser l'engagement des parents : les associer à la mise en œuvre de l'action.
  • Expliciter aux élèves l'intention pédagogique, les comportements attendus.
  • Associer les élèves à l'organisation et à la logistique de la séance.
  • Définir le rôle du partenaire éventuel lors de ses interventions et veiller à garantir l'adéquation avec l'apprentissage visé et les programmes scolaires.
Un processus d'enseignement organisé
  • Construire le projet pédagogique "École du dehors" en identifiant la plus-value attendue.
  • Articuler des séances adaptées à l'espace classe avec des séances externalisées en favorisant la continuité et le transfert des apprentissages.
  • Définir une programmation rigoureuse des apprentissages tout en permettant une adaptation aux observations, aux découvertes et aux questionnements des élèves.
  • Inscrire "l'École du dehors" dans le projet d'école si cette modalité d'enseignement concerne plusieurs classes et répond à un objectif stratégique.
Construire des apprentissages
  • Recenser les compétences susceptibles de se développer plus aisément en extérieur (compétences scientifiques, psychosociales, citoyennes et liens explicites avec les apprentissages fondamentaux).
  • Intégrer systématiquement l'École du dehors dans une séquence d'apprentissage et identifier les phases spécifiques à mener en extérieur.
  • Privilégier les activités menant les élèves à interagir, se questionner, émettre des hypothèses, mobiliser les ressources à disposition, prélever de l'information.
  • Stimuler l'imagination des élèves, développer leur curiosité, les guider vers la découverte des lieux, les outiller en développant des compétences méthodologiques.
  • Aiguiser l'observation des élèves par des tâches spécifiques comme le dessin d'observation.
  • Prévoir, sur site ou en différé, les traces à produire, des temps de structuration, de consolidation et d'institutionnalisation.
  • Utiliser un logo sur les cahiers, affichages, etc, pour contextualiser l'apprentissage.
Évaluer et valoriser les acquis et les progrès
  • Prévoir des outils de suivi de la progression des apprentissages.
  • Évaluer la plus-value du dispositif.
  • Reconsidérer les modalités d'évaluation (observation, auto-évaluation, évaluation collective, orale...)
  • Formaliser les acquis au LSU.
Partager l'expérience
  • Présentations inter-classes.
  • Expositions, chorale, mise ne scène, lecture, défis scientifiques...
Solliciter un accompagnement
  • Formation spécifique sur l'École du dehors.
  • Accompagnement par l'équipe de circonscription ou la mission départementale "Sciences et EDD".
  • Interventions ponctuelles d'un partenaire.

Plus-value observée pour l'enseignement

L’École du dehors présente une réelle opportunité pour restaurer la relation des élèves à la nature et au réel, s’engager dans une pédagogie de la curiosité. Tous les domaines d’apprentissage peuvent être investis. Le travail sur l’oralité est facilité par un environnement vaste et ouvert. Les élèves se montrent investis, motivés et attentifs. Le climat de classe peut être amélioré par une pratique régulière de « l’École du dehors ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Place des partenaires

Les parents participent régulièrement, et si besoin, au taux d’encadrement. Il sont régulièrement informés des activités menées dans le cadre de « l’École du dehors ». Leur implication participe au renforcement de l’alliance éducative. 
Différents partenaires peuvent être sollicités pour accompagner un enseignant dans la pratique de « l’École du dehors ». Les partenaires concernés peuvent être institutionnels (municipalité, collège de secteur, ONF, etc.) ou associatifs (Ariena, Maison de la nature, OCCE…). Si l’un d’eux est associé à la pratique de « l’École du dehors », l’enseignant veillera à ce que celui-ci s’inscrive parfaitement dans le cadre et les préceptes pédagogiques évoqués dans cette note. Plusieurs partenaires locaux partagent pleinement les objectifs de l’Éducation nationale.
L’implication d’un partenaire, sur temps scolaire, doit être envisagée dans une logique de coopération (co-construction du projet, co-intervention, co-évaluation) et en aucun cas dans l’esprit d’une « délégation d’enseignement ».
Des prolongements peuvent avantageusement être mis en œuvre avec le périscolaire, dans le cadre de l’Éducation au développement durable ou des activités scientifiques, citoyennes, culturelles. 

Mise à jour : juillet 2025