Des cartes pour comprendre la Russie

La session 2012 du Trinôme académique d’Alsace, consacrée à la géopolitique de la Russie, a eu lieu les 21 février et 21 mars 2012 dans le Haut-Rhin puis dans le Bas-Rhin. Elle a rassemblée des membres du Ministère de la Défense et de l’IHEDN qui ont apporté leurs expertises et pu faire partager leurs expériences, des enseignants du secondaire et du supérieur ainsi que des étudiants en Master Enseignement à Strasbourg. Plusieurs thématiques y ont été abordées : 

 

Les cartes de la Russie : quelques approches critiques sur le discours qu’elles véhiculent

Christophe Marchand et Julien Ebersold ont proposé une grille de lecture pour lire les cartes en s’interrogeant sur le discours du cartographe et sur le discours produit à partir des cartes en prenant l'exemple de la Russie.

Cette proposition peut offrir des pistes pour élaborer un cours sur ce nouveau thème de géographie en terminales ES - L. Les cartes sont étudiées en tant que «Clés de lectures d’un monde complexe » à la fois pour comprendre le monde mais aussi comprendre la Russie, un Etat-continent eurasiatique en recomposition. Par ailleurs, l’analyse critique des cartes est une des capacités qu’un élève doit être capable d’exercer dans le Secondaire.

La présentation s’articule selon 3 axes :
  • Faire le point épistémologique sur la carte, ses usages et les intérêts de procéder à sa déconstruction, car elle n’a rien d’un outil et d’un produit neutre.
  • Interroger le discours produit par le cartographe à partir d’un tableau sériant à la fois les attributs de la carte, les choix du cartographe dans sa construction, les problèmes que cela peut générer. Ces éléments sont à chaque fois illustrés par un exemple portant sur la Russie (le territoire, le peuplement, le fait urbain, l’Etat multinational).
  • Interroger le discours produit à partir des cartes  à partir de trois exemples portant sur la géographie des minorités, sur les ressources énergétiques et sur les paradoxes du développement de la région du Tioumen. 

     


Les enjeux des ressources énergétiques en Russie

Deux interventions se sont concentrées sur les enjeux des ressources énergétiques dans la géopolitique russe. Bertrand Lanot (collège Freppel d'Obernai) propose une étude de cas sur le gaz russe en 5e et Emmanuel Bender (lycée Rudloff de Strasbourg) une réflexion d'ensemble sur les enjeux énergétiques russes.

L'étude de cas, portant sur le thème 5  « La question de l’énergie », a été construite autour de trois questions :

  • En quoi le gaz russe est-il une ressource fondamentale pour la Russie à travers un site d’exploitation et le rôle de l’entreprise Gazprom ?

  • Pourquoi extraire et produire le gaz russe en prenant en compte les contraintes?

  • Pour qui le produire en abordant à la fois l’importance du marché intérieur russe et les besoins énergétiques mondiaux en croissance ?

Cette séquence s’articule aussi autour de deux capacités : construire un schéma de synthèse avec sa légende organisée et confronter des documents pour en vérifier leur fiabilité et leur exactitude.

La seconde intervention est organisée autour d’une problématique globalisante : Comment la question énergétique permet-elle d’inscrire la Russie dans les questions géopolitiques contemporaines ? Il s’agit d’une vue d’ensemble de la question, associant des apports factuels et une mise en système par le biais d’un schéma dense, accompagné de sa légende (à chaque item correspond une carte). Ce diaporama met à disposition de nombreuses cartes récentes provenant de divers atlas et revues sur la Russie.


Hard, smart et soft power à la russe

Marc Bartolini, professeur au lycée Marcel Rudloff, propose d’aborder la géopolitique russe à travers les notions de hard, soft et smart power. Il a construit sa présentation en deux temps : une mise au point sur ces trois concepts puis un exercice de mise en application avec des élèves de lycée portant sur la Russie.

Partant des thèses de Joseph Nye sur le soft Power (1990) puis de Suzanne Nossel (2004), il questionne les manifestations de ces trois types de puissance et montre comment la Russie cherche à les combiner avec plus ou moins de succès du fait du raidissement de la diplomatie russe depuis les années 2000.

L’exercice d’application permet de montrer aux élèves que l’expression de la puissance d’un Etat ne se limite pas à l’action militaire mais qu’elle est plus multiforme et plus globale. Marc Bartolini utilise de nombreuses vidéos dont les adresses URL sont référencées sur le diaporama.


Le renouveau de la Russie comme superpuissance géopolitique

En guise de conférence conclusive, Alexis Vahlas, Maître de conférences de Droit public à l'Université de Strasbourg, propose une réflexion globale sur les enjeux, les modalités et les fragilités de la renaissance de la puissance Russie.

 Il a structuré son intervention en trois axes :

  • La Tanière de l’ours ou les modalités qui ont permis à la Russie de restaurer son influence et sa puissance depuis le milieu des années 1990.
  • Les appétits de l’Ogre ou les leviers qui lui permettent de s’affirmer de nouveau comme une puissance de premier plan.
  • Les cercles concentriques du chorégraphe ou la manifestation des rapports de force à différentes échelles.

Il en ressort trois observations conclusives sur la puissance russe actuelle : l’impossibilité de faire table rase de son passé soviétique, son obsession de la multipolarité accompagnée de stratégies erratiques et l’absence d’alternative crédible à Poutine.